Fleur de "pfue-kan", arbre de la Paix
Publié le 30 Mars 2011
Depuis plus de 10 ans j'ai dans mon salon un
"pfue-kan"
, dont les boutures viennent de Baham et Bafoussam, Ouest du Cameroun, province bamilikée.
Un Dracena sanderiana.
Et surprise cette semaine, il fleurit.
Cette plante est la plante des femmes qui ont eu des Jumeaux, les "Magnes";.. et c'est la plante de la Paix.
J'ai voulu en savoir plus scientifiquement et rien de mieux que de demander à mon ami Athanase Bopda qui est justement en France en ce moment.
La réponse de Athanase a été rapide, je vous la donne "en partage" (comme il dit):
Les dracenas sont arbres de la paix en pays bamiléké et dans toute l'Asie tropicale c'est à dire, pour plus d'un milliard de femmes, d'enfants et
d'hommes. Et en pays bamiléké, c'est le privilège et le partage par excellence des pères (tékû"), mères et autres parents de Jumeaux ('mhak") !
"pfuekan" peut se décrypter de plusieurs manières
par exemple:
"pfue" : écrouler, détruire, défaire, déconstruire, destruction, défection et,
"kan" : battant (ce qui permettait de fermer la porte coulissante traditionnelle bamiléké), fermer, fermeture, barrière; ...
"pfue-kan"
signifie donc soit "destructeur de fermeture", de barrière, d'exclusion,
d'obstacle à la rencontre, à l'entente, soit un ordre en mode impératif et sans appel: "Détruis ce battant coulissant de porte qui nous coupe
les uns des autres"; "supprime cette barrière qui sépare et surtout qui oppose les gens"!!
Voilà tout le sens authentique et profond de ce symbole végétal d'interpellation impérative à faire la paix et à aider plutôt à la rencontre et l'entente. C'est ainsi qu'on qualifie le dracena
d'arbre de la paix en français, "'peace bambu' en anglais. Il en existe une multitude de variétés.
Utilisées dans les haies vives, elles en anhilaient symboliquement la violence mentale d'instrument de
fermeture et même d'exclusion ! A ce titre le dracena a atteint une dimension religieuse et une fonction au mieux spirituelle et au pire, diplomatique.
C"est l'équivalent du drapeau blanc de d'autres civilisations!
Cette plante dont une mékû (mère de jumeaux) s'armait toujours dans ses déplacements pour exprimer ostentatoirement à tous qu'elle était contre la guerre, contre la division, en tradition
bamiléké fondamentale, Chez les peuples dits "bamiléké", les mékû étaient les servantes instituées par la providence en toute liberté comme "dévouées de la promotion de la paix"; des
pacifistes par nature et par devoir.
Pour se livrer à la guerre, les hommes devaient leur cacher les lieux de combat et surtout les en éloigner systématiquement. Sinon, dès qu'elles apparaissaient sur un champ de bataille armées de
leurs seuls rameaux de "pfue-kan" et s'interposaient systématiquement entre les armées ou les camps en guerre, ceux-ci devaient, non seulement cesser les
combat mais surtout, ne repartir qu'après avoir dûment négocié et accepté sincèrement la paix !
Pr.
Athanase Bopda.
"Pour
un monde en partage et non en division"